mercredi 2 juin 2010

Le Hors jeu


Parfois, cet Harald est bien urbain : il m’ouvre dans le billet précédent une autoroute à cinq voies en me lançant le sujet du jour : le « hors-jeu ».

Le cliché veut que cette règle du football soit ardue à appréhender, et on représente souvent le béotien incrédule et frustré devant une action avortée, face à l’expert de comptoir qui explique, blasé : « mais il était hors-jeu ».  Elle n’est pourtant pas bien compliquée en vérité, cette règle, mais elle n’a certes pas l’évidence d’autres lois qui interrompent le match de manière plus intuitive, logique, physique : quand le ballon sort du terrain, par exemple, quand un but est marqué, quand un joueur prend un coup de genou dans la tronche, quand le stade prend feu ou que les supporters s’entretuent. Cela, tout le monde le comprend, mais le hors-jeu est plus cérébral, c’est une règle de positions, alors que les autres sont de contact.

L'origine du Hors-Jeu

Harald a bien exposé le bordel qu’était le football à ses débuts : tout le monde court après la balle pour marquer. Le jeu ressemble à une émeute : pas de notion de passe, pas d’embryon de stratégie. On peut d’ailleurs reconstituer cet état originel des choses en regardant des glandus ou des enfants jouer : on a toujours un type dont l’obsession est de marquer un but, il vient se placer juste dans les cages adversaires pour attendre tranquillement qu’un ballon lui arrive dans les pieds. Quand cela se produit, il tire à un mètre, marque, il exulte, il fait des saltos dans tous les sens, il se la pète, et d’autres le jalousent. Alors ces autres viennent un à un s’agglomérer dans la cage adverse, tout autour du gardien énervé (celui qui a des gants neufs), chacun avide de sa part de gloire. Les enfants et les glandus jouent ainsi en formation 1-0-9, un pauvre défenseur (souvent le plus petit du groupe ou le plus gros ou la fille), et neuf attaquants. C’est abominable. La règle du hors-jeu vient ordonner tout ça, c'est un élément civilisateur majeur du jeu.

Le hors jeu est comparable aux déplacements imposés des pièces aux Echecs : ce n'est pas une loi pragmatique, pour gérer un impondérable (une touche) c’est une contrainte pour forcer la construction du jeu. Vous voyez ce que je veux dire ? Afin d'éviter qu’un joueur fasse le piquet devant le gardien d’en face, on a décidé dans les premiers temps que les joueurs étaient « en jeu » dès qu'ils se situaient dans leur camp, entre leur gardien et le ballon. Tous les joueurs au-delà du porteur de balle, devant, étaient en position de hors jeu. Aucune passe « en avant » n’était donc possible, à l’instar du Rugby : le seul moyen pour avancer était de dribbler pour passer l’adversaire, et de trouver un partenaire libre, forcement en retrait. Cette configuration impliquait la présence d’un nombre élevés d’attaquants, parfois huit, pour effectuer les passes et les mouvements, et se frayer un chemin au but, action qui ressemblait à un essai.

La règle actuelle

La règle change de nature vers 1870 (me suis documenté hein), ce n'est plus la position par rapport à la balle (tous derrière et elle devant), mais par rapport aux défenseurs adverses. Un joueur n’est pas hors jeu quand devant lui il a au moins trois joueurs (deux défenseurs et le gardien) dans une première version, puis deux (un défenseur et le gardien), au départ de la balle. Cette règle ne s'applique pas sur les touches et les corners.

Ainsi, dans l'image ci-dessous, le joueur Diané est derrière tous les défenseurs alors qu'il n'a pas la balle. Il est en position de hors-jeu. Si le joueur "Gallardo" lui fait une passe, l'arbitre siffle l'arrêt du jeu. Sachant cela, les quatre défenseurs, s'ils voient un attaquant placé à leur niveau peuvent décider d'avancer en même temps, et ainsi provoquer le hors-jeu, mais c'est périlleux et demande une bonne synchronisation : si un défenseur oublie d'avancer, et laisse l'attaquant devant lui, il s'est fait bien trouer, et le buteur va aller se présenter seul face au but, et si j'ai encore des lecteurs à ce stade du billet, je peux ouvrir le Champagne :




Voilà, j'ai tenté de me tirer de ce traquenard tendu par mon comparse ("tu vas voir, tu vas faire plein de métaphores", m'avait-il dit, matois), j'attends avec impatience votre point de vue sur ce sujet hautement palpitant, en attendant bien sûr qu'Harald vous parle du thème suivant : le crampon. Bon courage, Harald !

Pat

16 commentaires:

Anonyme a dit…

La règle est simple mais c'est le jugement porté sur son application qui est difficile à formuler, spatialement et temporellement. Cette difficulté est tout entière contenue dans l'expression "au départ du ballon".
En effet, l'envoi du ballon (de la part d'un partenaire) peut se situer à 30 ou 40 mètres du ou des joueurs partenaire(s) d'icelui, potentiellement hors jeu, juste à ce moment là.
L' arbitre de touche est donc soumis à une double difficulté.
- Avoir un oeil sur le départ du ballon et un autre sur la position du ou des joueurs les plus avancés. Ce qui impose parfois à l'arbitre de touche un strabisme divergent hors du commun.
- De plus, il doit évaluer la simultanéité de ces 2 évènements, le plus souvent en courant le long de la ligne de touche.
Dans certaines circonstances, c'est proprement surhumain. N'oublions pas que l'arbitre est au ras du terrain alors que le spectateur de tribune ou de télévision surplombe souvent l'évènement.
C'est donc la règle qui provoque le plus de contestations et seul un dispositif électronique élaboré par la télévision est capable de proposer un jugement exact.

Sauf que je fais partie de ceux qui sont contre l'introduction de la vidéo sur les stades.

Duga
Pas sur la tête, pas sur la tête

Balmeyer a dit…

Merci Duga pour ton approfondissement. Et il parait que les dispositifs électroniques ont une marge d'erreur non négligeable !

Je suis de ton avis pour la vidéo, faudra voir avec notre collègue Harald/Dorham ce qu'il en pense.

Dorham a dit…

Evidemment, il est toujours hors-jeu ce gros nul de Diané.


Pour la vidéo,
je reviens demain donner mon avis,
comme vous, je suis absolument contre cette saloperie de vidéo...

Ugo a dit…

Juste une observation.
Il me semble que pour qu'un joueur soit en jeu, il faut qu'il ai au moins deux joueurs adverses devant lui.
Peu importe que les joueurs adverses soient gardiens, défenseurs ou inters-droits.



Exemple.
Un attaquant rouge A. peut être hors-jeu même si un Défenseur bleu D. est entre A. est le but.

Il faut simplement que D. soit le seul bleu dans cette position.

Ca veut donc dire que le gardien bleu G. est sorti de ses cages comme un... en portant les couleurs de son équipe.

Balmeyer a dit…

Ben Ugo, d'après ce que je sais, c'est deux joueurs : donc tu as raison. Si le gardien est parti faire l'avant centre, et qu'il n'y a qu'un défenseur central, il y a hors jeu...

Je n'ai pas developpé l'époque où il fallait 3 joueurs : gardien + 2 défenseurs. J'ai du mal à visualiser ce que ça pouvait donner...

Dorham a dit…

En fait, je crois que pour la vidéo, il faudrait presque faire un billet, tant j'ai une approche militante sur la question.

Je crois que cela tuerait le jeu. Qui demande d'ailleurs avec le plus de vigueur la vidéo ? Les clubs. Quel est leur principal argument ? Le manque à gagner financier en cas de défaite.

La vidéo, c'est le libéralisme.

Quand Platini dit : "si on légalise la vidéo, ce ne sera plus mon football", je suis on ne peut plus d'accord. L'esprit du jeu a déjà tant changé...

Nicolas Jégou a dit…

Ce billet est parfaitement pédagogique : j'ai enfin pourquoi les copains me désignaient toujours comme arrière quand on jouait au foot à la récré.

Dorham a dit…

Je ne sais pas pourquoi je pense à ça, je me rappelle une fois avoir joué avec les vétérans. En première période, tout s'est bien passé, en seconde, ils étaient tous beurrés... Je sais pas comment ils ont fait, j'ai rien vu...

Paul a dit…

Le défenseur n'est pas toujours "le gros ou la fille" mais parfois, aussi, celui qui regarde les fourmis passer ! Le Poète ! Non mais !

Anonyme a dit…

Je pense surtout que la vidéo présente 2 grands défauts
- C'est l'introduction d'un football à 2 vitesses, ce qui lui retire son caractère universel
- C'est l'escalade technologique car au début, on tolérera du système, une erreur de 1cm, puis on exigera 1mm, puis un micron et pourquoi pas un nanomètre et le milliardième de seconde. Un match sera alors surveillé par 50 caméras, 10 faisceaux lasers, des capteurs inductifs dans le ballon et au bout des chaussures des joueurs, le tout relié à un ordinateur de 12 m3 et à une horloge atomique.

Et un jour, yaura bien un con qui prétendra que ce n'est pas encore assez précis !

Duga

Anonyme a dit…

Diané et Gallardo, la fine équipe du flamboyant psg et pourquoi pas Pouget et Valdés...mais pour illustrer un hors-jeu une image de Pascal Nouma s'impose sinon le hors jeu en une phrase " un joueur de l'équipe A ne peut se trouver dans l'espace délimité par le gardien de but de l'équipe B et le premier joueur de l'équipe B situé devant le gardien de l'équipe B au moment où un autre joueur de l'équipe A lui passe le ballon; cette r`gle ne s'applique que dans le demi-terrain occupé par l'équipe B." Clair??

Anonyme a dit…

Diané et Gallardo, la fine équipe du flamboyant psg et pourquoi pas Pouget et Valdés...mais pour illustrer un hors-jeu une image de Pascal Nouma s'impose sinon le hors jeu en une phrase " un joueur de l'équipe A ne peut se trouver dans l'espace délimité par le gardien de but de l'équipe B et le premier joueur de l'équipe B situé devant le gardien de l'équipe B au moment où un autre joueur de l'équipe A lui passe le ballon; cette r`gle ne s'applique que dans le demi-terrain occupé par l'équipe B." Clair??

Dorham a dit…

Cherea,

Pat n'est pas supporter du PSG, il ne sait même pas qui Francis Llacer, ni même patrick Colleter...

Pat est...
j'ai du mal à le dire...
Lyonnais...

(Pascal Nouma, j'ai honte, mais je l'ai toujours bien aimé, il était sympa et malgré son évidente maladresse, il mouillait le maillot)

PS 2 - Gallardo fut un grand joueur...à Monaco !

Balmeyer a dit…

Oui, j'ai pris une des premières illustrations trouvées sur google, reconnaissant ces épiques joueurs du PSG, je me suis dit que le clin d'oeil plairait à Névroharald, héhé. :)

Dorham a dit…

Dely Valdès n'était pas si nul non plus, il a joué dans la seule équipe de haut niveau l'ile dont je suis originaire, Cagliari en Sardaigne. Il avait presque fini meilleur buteur de Serie A. Simplement, il partait en trombe puis s'éreintait. L'hiver sans doute :)

Anonyme a dit…

Oui je charrie Pascal Nouma mais c'est aussi un joueur que j'aimais bien surtout quand après avoir marqué un but contre le fc nantes, il alla faire lae canari devant les supporters nantais...et récolta un carton jaune. Moment historique.