mardi 15 juin 2010

Arconada, Madjer, Panenka

Samedi dernier, quand le gardien anglais Robert Green s'est pris le but de l'égalisation suite à une grossière erreur de main, l'expression a fusé : il a fait une Arconada. Ce terme obscur fait référence à une bourde célèbre, celle du gardien espagnol Luis Arconada lors de la finale de l'Euro 1984 entre la France et l'Espagne. Platini tire un coup-franc, Arconada l'arrête, mais lâche maladroitement le ballon qui va entrer doucettement dans ses buts, malgré les quelques soubresauts de crapaud désespéré du gardien confus.

C'est ainsi qu'un geste malheureux, sur une partie, fait entrer dans la légende un joueur probablement très talentueux par ailleurs. On voit ci-dessous la faute contemporaine de Robert Green, et plus bas son ancêtre, le modèle original.

Robert Green : juin 2010


Arconada : 1984



Dans la série des joueurs ayant donné leur nom à des gestes fameux, il n'y a fort heureusement pas que des boulettes. Par exemple, le terme Madjer désigne un but par talonnade et nous vient du joueur Rabah Madjer. Voir la démonstration ci-dessous, dos au but, sans se retourner, il marque du talon, ce qui est définitivement élégant. Quand je vois ce geste plein de grâce, et que je compare à la constipation butesque qui touche nos bleus, j'avoue avoir l'impression de regarder un film de science-fiction, de lire un "Strange", ou une thèse sur "le concept du Rêve Américain dans le football" :




Troisième exemple : la Panenka. Geste romantique au possible, qui peut osciller entre le grotesque et le sublime. Du joueur tchèque Antonín Panenka, le terme désigne un penalty tiré tout en douceur, au centre de la cage, à l'endroit où se tenait le gardien avant qu'il ne plonge d'un côté ou de l'autre. L'action est osée : si la Panenka est ratée, par exemple si le gardien ne plonge pas, le tireur semble faire une passe toute molle au gardien immobile, patapouf, ce qui semble l'action la plus ridicule au monde.

Le baptême du geste est né dans des conditions particulières (en fait, comme tous ces gestes portant le nom de joueurs, évidemment) : au bout de la finale de l'Euro 1976 entre la R.F.A. et la Tchécoslovaquie, les Tchèques vont pour tirer le dernier tir au but, après prolongations. S'ils marquent, ils gagnent la Coupe d'Europe. Panenka, au lieu de frapper tel un malade, comme on fait d'habitude, tente une petite louche qui trompe le gardien. Vu la pression, l'enjeu, la tension, nous serons d'accord pour dire que cela est sacrément couillu.

Panenka, Finale de l'Euro 1976


Finale de la Coupe du Monde 2006, Panenka de Zidane


Pat

7 commentaires:

Dorham a dit…

Défintivement élégant, tout à fait. On ne dit pas assez quel grand joueur fut Madjer, dans l'équipe d'Algérie, avec Dahleb, qui joua, et oui, au Paris Saint Germain...

Dorham a dit…

N'empêche, les gardiens anglais...y a un microclimat, c'est pas possible autrement.

Anonyme a dit…

bon, vousauriez pu illustrer votre article avec la Panenka ratée de Landreau en finale de la coupe de la ligue lorsqu'il jouait à Nantes, ou celle également ratée de Ribéry. Je ne sais pas si l'appellation est validée, mais le coup du crapeau pourrait porter le nom de son inventeur cuauhtémoc blanco, je crois...

mtislav a dit…

Chers Messieurs,

J'aime beaucoup votre audace et votre blog. On croirait que vous avez déjà éditorialisé tout ce Mondial tant vos sujets sont indispensables. Je vous fais pourtant une supplique, que Haral (Dorham) change de pseudonyme afin que cette vignette Panini disparaisse définitivement de ma vue. Quand j'étais enfant, mon frère cadet, très influencé par la société du spectacle, collectionnait ces fameuses vignettes. Celle de Raymond Domenech me hante jusqu'à aujourd'hui. Sa moustache lui donnait un air inquiétant, il paraissait déjà vieux. Quelle surprise cela a été pour moi lorsqu'il est réapparu dans le rôle d'entraîneur de l'équipe de France tel un jeune homme amateur de théâtre et de jeunes journalistes. Je le pensais depuis longtemps dans une maison de retraite.

En espérant que vous aurez à coeur de m'épargner des souffrances aussi inutiles que cruelles,

Votre fidèle lecteur,

Balmeyer a dit…

Harald > oui, mais la pression doit être énorme sur le gardien anglais, sachant justement la réputation "mauvais gardiens" qui pèse sur eux ! Un cercle viciceux.

Cherea : j'ai trouvé plein de Panenka (dont celle de Ribery), je me souviens de la Panenka loupé de Gourcuff, cette année en L1, mais pour Landreau : je ne le savais pas.

Mtislav : j'ai moi même été très influencé par la société du spectacle, puisque j'avais des tas de vignettes panini ! Dont celle de Schumacher en triple double, un comble.

Dorham a dit…

Mtislav,

Vous savez comme je vous tiens en très haut respect. Quelqu'un d'autre aurait adressé cette supplique, elle serait nécessairement restée lettre morte.

Je ne peux changer de patronyme car il découle du nom du blog lui-même mais je vais réfléchir à l'avatar. Peut-être l'équipe entière vous irait mieux, avec un Harald planqué au milieu des autres.

A bientôt de vous lire,

Har...Dorham.

mtislav do nascimento a dit…

Réflexion faite, ne changez rien. J'ai acquis par le fait de mon éducation une aversion pour toute ce qui touche au football allemand mais je dois combattre ce préjugé, vous m'y aidez, c'est évident.