samedi 22 mai 2010

Les bleus sont-ils des cons ?

C’est en tout cas une question que l’on peut légitimement se poser.

Ce qui est certain, c’est que les français ont souvent follement aimé leur équipe de France. Celle de Zidane, bien sûr, comme en d’autres temps ils avaient adoré celle de Platini qui, entre 1982 et 1986, fut l’équipe d’une époque bénie où le cheveu était frisé et les cannes semblables à celles des serins, où le jeu avait des accents romantiques, où le footballeur français entrait en défaite comme dans la gloire, conformément au sens de l’esthétisme que nous partagions tous ; et que nous partageons encore. L’équipe de Kopa ? Elle repose sans doute également au sein de ce panthéon merveilleux, mais mes souvenirs de cette époque sont approximatifs – je n’étais même pas né.

Aujourd’hui, on ne parle plus que de désamour. Nos footballeurs ont le cheveu ras et les idées souterraines. Ils ne sont plus que ces mecs à peine adultes qui « gagnent des millions », mieux au fait des derniers placements à la mode que de la technique du passement de jambes. Ils sont à Tignes, ces bleus que l’on n’aime pas, comme d’habitude avant une compétition majeure. En ce moment même, pendant que vous lisez ces lignes, ils se préparent pour la coupe du monde. Ils courent, jouent au tennis-ballon, font des siestes, se font masser les cuisses, envoient des SMS à des journalistes ou à leurs agents, se baladent en claquette siglée F. F. F., jouent à la console, prennent leur tour à la conférence de presse du jour pour répéter inlassablement le même discours policé – « on y croit, on en veut, on a nos chances, on va se réveiller le jour du premier match...cette randonnée en raquettes nous a soudés pour toujours, à la vie, à la mort ». Ils ne s’arrêteront pas – ou alors sous la contrainte – pour signer des autographes aux enfants, venus les attendre à l’entrée de l’hôtel. Les bleus sont des cons, diront les pères de famille en colère. C’est moche. C’est de saison. C’’est immuable.

L’amour, ça fluctue, comme le chante Serge Lama. Lors de la dernière coupe du monde, je me souviens qu’on avait fait tout un cinéma de Ribéry, sélectionné-sensation de dernière minute. Tout un cinéma de la petite cité HLM dont il était originaire, à Boulogne-sur-Mer. Tout un cinéma de son couple et des cicatrices sur son visage. Le gars était gentil, simple et simplet, amoureux d’une femme au physique quelconque fagotée comme l’as de pique, il réconciliait le peuple de France et son équipe de millionnaires imberbes. Une success story en Pays du Nord ! Avant même le navet pétainiste de Dany Boon (c'était juste pour écrire "pétainiste"). Pour quel résultat, 4 ans plus tard ? Ribéry est un oiseau de la night qui fricote avec des putes mineures. Ça fait moins JT de 13 heures déjà… Bof, on recyclera ça pour Le Droit de Savoir.

L’équipe de France n’est plus aimée. C’est en tout cas ce que l’on dit et, à en croire L’Equipe de mercredi qui publie les résultats d’un sondage international de l’IFOP (il fallait au moins cela), c’est ce que l’on pense un peu partout dans le monde. A qui doit-on ce désamour ? A un jeu déliquescent, à la communication chaotique de Raymond Domenech, à l’absence de joueurs d’exception dans la sélection, à la main de Thierry Henry qui a permis cette qualification étriquée. Les raisons sont multiples. L’Equipe de France n’a pas d’âme, pas de principes, pas de morale et, un comble au pays des amoureux du beau jeu et des coupes de cheveux mi-longs-frisés-dans-le-vent, elle bafouille un football qui ne ressemble à rien.

Une bonne nouvelle émerge toutefois de ce triste tableau. Une lumière perçante au delà du mur de brume, comme dans un tableau de Turner - et oui, les gardiens de but allemands ont de la culture aussi. Lorsque l’on réduit le sondage de l’IFOP au seul panel hexagonal, on s’aperçoit qu’au palmarès des équipes les moins appréciées des français, l’Italie supplante désormais l’Allemagne. Les temps changent. On se dit dès lors qu'à défaut d'amour, une bonne haine bien chauvine de première catégorie aurait le pouvoir de fédérer à nouveau tout ce beau monde. De rabibocher les anciens amants déçus. C'est ce bon vieux Harald qui vous le dit : tout est bon à prendre, si rien ne se perd, rien ne sera perdu.

Harald

11 commentaires:

lucia mel a dit…

oh, les gars, votre nouveau blog il me botte, et pas en touche ;-))) on y reconnaît bien le style de Harald (même s'il cite Lama, Serge... le chanteur, et pas Elvis Presley).

Les bleus sont-ils des cons ? très bonne question.

Audine a dit…

Ben c'est vrai qu'à voir la poire de Ribery on peut se poser la question ...

Sinon, j'ai pas d'autre avis (pertinent).

Dorham a dit…

Oui, mais là, ce serait un autre type de connerie, plus...plus...atavique, disons... (Mes aïeux, quelle horreur)

Anonyme a dit…

De l'époque de la tignasse à celle de Tignes, il y a un fossé que tu auras su (ne pas) franchir.

Duga
Equipe des coiffeurs

Dorham a dit…

Content que tu sois là, Duga, j'ai failli t'envoyer un mail...l'odeur de l'herbe fraichement coupée t'a guidé jusqu'à nous...

Pensez BiBi a dit…

Ben, moi, c'est aussi France-Brésil de 86 ( y avait même un petit gars qui a joué ce match mythique que j'avais entrainé dans ma jeunesse... et la sienne).

Pourquoi l'EDF n'est pas aimée ? C'est que le courant ne passe plus 1. à cause de la Centrale 3F, 2. à cause de ces pauvres électriciens Escalettes et Thiriez 3. à cause de Domenech, conducteur des travaux et 4. en raison du manque de jus de Thierry Henri promu Capitaine du Naufrage annoncé qui devrait prendre sa retraite.

Bien sur, il a le jeu : une catastrophe depuis la "prise" en... main de Dom et de Thierry. Le jeu offensif ? Le néant. La Charnière centrale ? Le néant. Les joueurs peuvent-ils même écouter les consignes ? Je crains que 1. il n'y ait que des consignes contradictoires et que 2. essayez d'écouter lorsque vous avez un Ipod dans les z'oreilles.

Balmeyer a dit…

France Brésil 1986, Guadalajara, oui ! :)

Dorham a dit…

Il aurait pas bon dos Ramond ?

Anonyme a dit…

@ Dorham

C'est un pur hasard. Un erreur de clic dans ma liste de favoris. J'ai vu qu'il y avait de nouveau de la lumière dans ton ancien blog et je suis entré.

Duga
Heureux hasard

Anonyme a dit…

C'est bien d'avoir choisi Battiston comme co-héros de ton blog.
Il se trouve que je le vois souvent au Haillan, lieu d'entrainement des Girondins. Il est Directeur du Centre de formation et entraineur de la réserve qui évolue en CFA.
La réserve, un mot qui lui va bien. Quand on connaît son passé, ses qualités d'homme, on est surpris qu'il passe sa seconde carrière dans l'ombre, dans l'anonymat.
A part en souvenir de ce fameux France-Allemagne, on n'évoque jamais son nom, quelque soit le sujet. Il a gardé sa démarche énergique, la tête haute, le regard clair, pas un poil de graisse. Pas un sourire non plus. Aucune ostentation. Avec ses cheveux blancs, il ressemble à un cadre sup qui rentre de son footing.
Quand il retourne dans les vestiaires un peu minables de la réserve, il fend la foule, imperturbable. Aussi indifférent à la foule que la foule l'est envers lui. Les nombreux touristes qui viennent assister à l'entraînement des pros ne le connaissent ou ne le reconnaissent pas. Personne ne se retourne, personne le salue. Et pourtant, quelle carrière, quelle droiture, quelle sportivité ! Il ne reste rien qu'une ombre qui passe, qui forme des pros et qui tente en même temps de former des hommes. C'est cette deuxième obligation qui doit le rendre soucieux. On le comprend.
Sic gloria transit

Duga
Paaaatriiiiick !

Dorham a dit…

Battiston fut un grand défenseur, aucun doute là dessus, et un vrai footballeur, dans ce que cela comporte de positif. Hého, c'est aussi le buteur de Bordeaux-Juve retour tout de même.

"Pat" est mon alter ego bloguesque, Balmeyer. Je suis heureux de partager ce blog avec lui - surtout que notre premier blog en commun, en hommage au sado-masochisme était un sommet d'idiotie - dans son genre :)