lundi 31 mai 2010

Fossile d'un souvenir sévillan

Je peux à la fois dire « la demi finale France-RFA de 1982, à Séville, est un souvenir marquant », et être en grande partie incapable de la raconter par mes propres moyens. Quand je dis « propres moyens », je pense à un compte rendu vraiment personnel, tiré de mon expérience seule. J’avais dans les sept ans, ce qu’il en reste à présent est, comme nombre de souvenirs publics, un douteux mélange de sensations vivaces et d’informations reconstituées après coup, par des lectures, des articles, des discussions où l’on tombe d’accord. C’est un souvenir phagocyté par l’opinion générale qui en a découlé et j’en viens à douter de la sincérité même de cette mémoire : la part personnelle semble s’être quasiment diluée dans un phénomène de pensée collective, et mon récit, pourtant historiquement justifiable – j’y étais – s’est perdu dans le lieu commun.

J’avais sept ans, un album d'autocollants Panini devant moi. Quelqu’un, ma mère, ou mon grand-père, m’avait acheté cinquante pochettes d’un coup, ce qui était énorme : l’usage était d’en avoir une ou deux pochettes, de temps en temps, pour laisser à la collection le temps de se languir. Cela a sans doute associé à ce barnum international la marque d’une douce abondance, le cachet doré d’une tendre et ponctuelle profusion.

C’était l’été, il faisait chaud, et le programme à la télévision était somme toute classique : parmi les habituels films de guerre, genre le « Jour le plus long » c’était encore un spectacle dont les vilains étaient les Allemands. Solennellement rassemblés dans le salon, grands-parents, arrière grand-mère, regardaient respectueusement l’écran, et l’heure était grave. Aucun mot de trop ne sortait, aucune allusion déplacée sur les adversaires teutons ; il n’y avait apparemment que dans mon esprit sans mesure que ça y allait de bon cœur, que se déchainaient les pensées les plus véhémentes au sujet des « schleuhs », ces gens cruels encasqués amateurs de mitrailleuses.

Tout comme dans le « Jour le plus long », les Allemands commencent par gagner. Je regarde sans trop comprendre le fonctionnement de ce sport, il n’y a pas beaucoup d’événements (de buts). Cela ressemble à une longue attente, une course sans décision, sans certitude, à l’avenir bouché. Le Fait arrive : Patrick Battiston se présente seul face à Harald Schumacher, qui lui saute sur la tête, le joueur français s’écroule, inanimé. Je ne comprends pas le ballon, mais je comprends le coup de genoux. Cette séquence semble durer toute la soirée, tout l’été. Battiston, son nom ressemble à mon prénom, je vis donc ceci comme une attaque personnelle. C’est terrible, je l’avais bien dit, ou pensé, avec les schleuhs, il n’y a pas de quoi être surpris. Le joueur ne se relève toujours pas, mais l’arbitre ne siffle aucune faute : pas le moindre carton, pas même un misérable coup franc, une petite touche, rien. Chacun attend que Schumacher relance, tandis que Battiston est au sol, terrassé. L’erreur d’arbitrage est incompréhensible, l’injustice est telle qu’elle s’érige en mythe, elle fait du bien, dans sa tragique plénitude, elle est christique, et elle fait de nos joueurs des martyrs, des saints aux yeux du monde.

Battiston est finalement évacué sur une civière, accompagné pendant son retour aux vestiaires par son capitaine, Platini, qui serre la main de son collègue, héroïque, tel Ulysse en short.

Il y a les prolongations : à la fin, après deux heures de jeu, les français marquent deux buts coup sur coup, Alain Giresse court comme un dératé, fou de joie, et le match est imperdable, et pourtant ils ne gagnent pas : les Allemands, titanesques, cyclopoïdes, égalisent. Les tirs au but arrivent, et un allemand échoue, là encore, la finale est offerte, mais Didier Six et Maxime Bossis ratent leur tir au but.

Sort cruel, dans mes vignettes Panini, j’aurai des tas d’Harald Shumacher en double. Je me souviens en avoir gribouillés rageusement au stylo bic, immolant par ce bout de papier le moustachu agresseur. Lors de mes jeux guerriers à l’été finissant, les méchants imaginaires, cachés dans les vignes et les cyprès, demeureront un improbable mélange de soldatesque germaine aux cheveux longs, figure bizarre de hippie-nazi, bataillons barbus avec des tronches du groupe Abba.

Dans mon souvenir, Battiston reste à terre, inconscient, pour toujours, et Didier Six un traitre rateur de penalty. C’est injuste. Ils gagneront ensemble la Coupe d’Europe des Nations en 1984, donnant ainsi un titre à cette génération exceptionnelle.

Les français perdront encore en 1986 contre la RFA, en demi-finale. J’ai vu le match, mais je n’ai aucun souvenir. En 1998, un quart de finale opposera la Croatie à l’Allemagne. Le vainqueur devait rencontrer la France en demi, permettant une résurrection de cette affiche mythique, le troisième acte de la tragédie ! Inutile d’expliquer à quel point j’étais pour la victoire de la Mannschaft. Comme si on pouvait faire ressurgir la madeleine de Proust, en changer la recette pour lui donner un goût agréable, et la renvoyer au fond des âges, plus engageante, sa saveur amère ainsi corrigée. Quand j’ai vu les allemands perdre, j’ai été déçu, vraiment. Je me suis alors fait cette réflexion mélancolique : les bleus vont sans doute gagner la coupe du monde cette fois, après les Croates, mais nous seront passés à côté du principal, faire se relever tous les Patrick Battiston déglingués du passé.

C’était le cas, les bleus ont gagné. La joie de la victoire est grande, mais on se rend compte après coup qu’il faut la partager, avec des danseurs de discothèque, des politiciens foireux, des Francis Lalanne déchainés, des Obispo en perruque colorée, des hyper magasins déprimants avec des joueurs en carton rieurs, grandeur nature, et la joie, déplumée, fait place à la déception, lentement, quand la splendeur factice s’étiole ; tandis que la romantique défaite est inépuisable, elle n’est pas écœurante, elle distille en vous, dignement, langoureusement, le gout très subtil du regret.

Pat

Harald et Pat - épisode 2

dimanche 30 mai 2010

vendredi 28 mai 2010

Pourquoi Robert Pires l'a mauvaise ?



Robert Pires est aigri. Il a pourtant tout gagné ou à peu près tout ce que peut gagner un footballeur dans une carrière – et je ne parle ni de l'argent ni des femmes aux mœurs légères qui font comme chacun sait partie du lot offert à ces grands rêveurs romantiques que sont les footballeurs.

Robert Pires est champion du monde. En 98, il fut l’auteur de l'avant dernière passe qui conduisit au but en or* marqué par Laurent Blanc lors du huitième de finale de Coupe du Monde France-Paraguay. Dit comme ça, ça n'a l'air de rien, pourtant, si cette passe n'avait pas existé, l'Equipe de France ne serait jamais devenue championne du monde pour la première fois de son histoire.

Robert Pires est également champion d’Europe. En 2000, il adressa lors de la finale le centre décisif qui permit à David Trézéguet d'inscrire le but de la victoire et de crucifier l’Italie. Encore un but en or - mais le dernier de l'Histoire du jeu.

Pires fut longtemps un joueur plus à l'aise en club qu'avec l’Equipe de France, qui pratiquait – à sa décharge – un jeu sans doute trop défensif pour lui. Sa lenteur et son manque de vista lui étaient préjudiciables dans une organisation de jeu coincée du cul au sein de laquelle il semblait souvent aussi crispé que crispant. En dépit de ces handicaps, le joueur est pourtant parvenu à être décisif, à tirer son épingle du jeu.

Avec Arsenal, Robert Pires fut plus à son avantage. Il fit partie de cette fameuse équipe de frenchie qui fit tomber en pamoison les petits gars du nord de Londres** et bientôt le reste de l’Angleterre. Si Pires glisse lentement vers la fin de sa carrière, tout comme ceux de sa génération, il a encore quelques beaux restes et sort de saisons honnêtes avec un bon club d’Espagne, Villareal. Son avenir se situe peut-être en France, pour un retour qui marquerait pour lui une forme d’ultime challenge. Ou ailleurs.

Malgré cette riche carrière, Pires a toutefois en travers de la gorge d'avoir été raccompagné à la porte de l'Equipe de France par Raymond Domenech. C’est pourquoi il lui voue une haine sans limite (détestation qu'il partage du reste avec nombre de ses compatriotes). Aussi, ne manque-t-il pas de disserter à propos de son incompétence suppposée ou de sa mauvaise gestion du groupe – rien que de très courant en réalité. Mais il y a plus surprenant ! Pires affirme également - sans une once de doute dans la voix - que le sélectionneur français n’aurait aucune influence sur les résultats de son équipe. Pour être plus exact, elle serait essentiellement négative lorsqu’elle ne serait pas phagocytée par les joueurs eux-mêmes, préférant alors avoir recours, dans une sorte de réflexe de conservation, à l’autogestion.

En d’autres termes, si la France est parvenue en finale de la coupe du monde en 2006, elle ne le doit qu’aux joueurs seuls. Si elle s’est faite enfumée lors du championnat d’Europe en 2008, elle ne le doit qu’à l’incompétence crasse du sélectionneur. Si d’aventure, la sélection tricolore se relevait de ses cendres lors du mondial sud-africain, on ne le devrait à nouveau qu’au caractère bien trempé de ses joueurs. Autogestion, autogestion, autogestion. 11 joeurs, 11 entraineurs. Aussi sournoisement qu'habilement, avec l'air de ne pas y toucher, ce cher Robert ne manque jamais de préciser, à chaque fois qu'il se lance dans ce genre d'audacieuses diatribes, qu'il connait bien les joueurs qui ont fait les beaux jours de l'Equipe de France en 2006 (entendez Zinnedine Zidane, Lilian Thuram) comme ceux qui la composent aujourd'hui. Par la même, il sous-entend, sans n'en rien dire explicitement, que ses assertions sont également accrédités par les joueurs de l'Equipe eux-mêmes, sous le sceau de la confidence...

Même si l’Equipe s’autogérait (ce qui est par nature presque impossible quand on comprend un peu ce qu’est le football, notamment en terme de tactique et d’animation du jeu) Domenech aurait tout du moins l’intelligence de ne pas interférer, l’intelligence de considérer ses joueurs comme autre chose que des enfants. Ce serait là même la plus parfaite démonstration de son intelligence et de son aptitude à gérer les hommes.

Même dans le cas où Robert Pires aurait en partie raison, il faudrait toujours que le sélectionneur détermine une tactique, le placement des joueurs sur le terrain, et l’on voit bien (si l’on a vu le match préparatoire mercredi contre le Costa Rica) la capacité qu’a eu Domenech (quoi que l’on pense de l'homme et de son évidente mégalomanie) à mettre les joueurs dans les dispositions - techniques et psychologiques - qui leur permettent de s’exprimer. Aparté technique pour parfaire ma démonstration : si Domenech persistait à faire jouer Ribery à droite, celui-ci ne galoperait pas comme un chien fou comme lors de ce même match, tout heureux d’animer enfin le couloir gauche, dans lequel il se sent en terrain connu.

Ce qui m’amène à dire ceci. Si Domenech n’est pas si incompétent qu’on veut bien le dire – du reste, que n’a-t-on dit de ses prédécesseurs - s’il a bien une influence sur le jeu et les résultats de son équipe (qu’ils soient positifs ou négatifs), alors Robert Pires apparait sous son vrai jour. Un joueur blessé, comme tant d'autres avant lui, doublé d'un véritable fouteur de merde (c'est plus rare déjà). Préretraité, il reste ainsi fidèle à l’image que renvoyaient sous le maillot bleu ses courses pataudes et ses deux pattes positionnées en canard : aussi crispé que crispant***.




*Le but en or n’existe plus. Ce fut pendant quelque temps une piste envisagée pour réduire le recours aux séances de tirs au but en cas d’égalité à la fin d’un match. La règle était simple. La première équipe à marquer pendant une prolongation remportait le match. Cette règle fut abandonnée lorsque l’on se rendit compte qu’elle était encore plus cruelle que la fameuse loterie des penaltys tant décriée.

**La capitale anglaise compte beaucoup de clubs, souvent rattachés à des quartiers de la ville. Arsenal, club du nord de Londres, est l’un des plus chargés d’Histoire de la ville.

***Ceci dit, Robert Pires ne sera le premier « ancien » à l’ouvrir à tout bout de champ. Il est parfois difficile de supporter les propos péremptoires et puants d’anciennes gloires infatuées. Dans le désordre : Beckenbauer, Cruyff ou Platini lui-même.


Harald

jeudi 27 mai 2010

Tous ensemble vers un truc bleu



La Coupe du Monde, c’est le triomphe de l’Art Total. Du spectacle, de la musique, et de la poésie (en outre, pour parfaire le concept wagnérien : les allemands gagnent toujours à la fin).

Ainsi, la FIFA a organisé un drôle de concours, genre printemps des poètes de la RATP : les 32 équipes qualifiées vont voir leur autobus décoré d'un slogan, qui est choisi par "un vote public". Ne partez pas.

32 slogans, plutôt 31, car la Corée du Nord a tenu à frapper sa devise en interne, d'où le lapidaire message visible sur l'illustration : "Les propositions et le vote concernant l'équipe de République de Corée seront traités par d'autres moyens."

Le résultat est fascinant, c'est quelque chose entre de l'héraldique pour les gentils, des haïkus écrits par des enfants mormons, du cidre au Doliprane fermenté. A la décharge de la FIFA, admettons que l'exercice est quand même délicat. La formule doit vouloir dire vaguement quelque chose, sans heurter personne non plus. Elle doit avoir du sens, mais pas trop. Ca doit être une sorte d'infra-hymne. Pas question d'écrire "Tous à la Coupe du Monde pour niquer les Italiens". Pas de sangs impurs, pas d'égorgement de filles et de compagnes. Cela se situe entre la formule de publicité qui ne fait pas mal à la tête ("Carrefour, c'est bien"), le cri de ralliement réjoui ("Montjoie Saint-Denis !") et les valeurs du sport que nous partageons tous ("Tous ensemble pour gagner dans un rêve de victoire").

En voici quelques unes :

France

Le cahier des charges est assez strict. Il faut impérativement employer les termes "ensemble", "bleu", et "rêve" aussi. Depuis 2002, et sa campagne de pub représentant des tricolores déjà champions avant le début de la compétition, pour finalement de se faire étriller en phase de poule, on fait profil bas, et "victoire" a été remplacé par "rêve". Après avoir mélangé les gentils mots dans le gentil panier, on a pu dégager quelques proto-slogans :

"on rêve tous d'un nouvel ensemble bleu" , non.
"Tous bleus vers un nouveau rêve ensemble ", non plus.

Avant de s'accorder sur le déjà mythique : "Tous ensemble vers un nouveau rêve bleu"

On note la dégoulinante allusion au "rêve bleu", la chanson du film de Walt Disney "Aladin". Si vous avez le mal des transports, évitez de penser à cette phrase en voiture.

Brésil
Lotado! O Brasil inteiro está aqui dentro!
Le Brésil tout entier est à l’intérieur !

C'est que ce pays a une réputation d'exubérance à tenir. A eux les jolis buts, les gestes techniques fou fou, les dribbles carnavalesques, et les slogans rigolos sur le bus. Il faut rappeler que le Brésil, grand pays de 192 millions d'habitants, ne peut pas entier tout tenir dedans, ni dans l'équipe, ni dans le bus, ni dans le stade. C'est simplement un symbole, à mettre en regard d'un slogan allemand typique comme : "23 joueurs forment un nombre impair".

Danemark
Det eneste der kræves, er et dansk hold og en drøm
Juste besoin d’une équipe danoise et d’un rêve

Le Danois fait dans le zen : sachant qu'il a autant de chance de gagner le Mondial que d'envahir la Chine avec des divisions blindées, il goute les joies du dépouillement. Pour le Danemark, il faut une équipe de danois, condition sine qua non pour former une équipe danoise. Et le "rêve", car il y a une promotion sur le mot en ce moment, ça aurait été dommage de gâcher.

Allemagne
Auf dem Weg zum Cup!
Sur la route de la Coupe !

Clair et net. Essentiel. Concret. A la limite du protestantisme. Pas de "rêve", ni de "bleu". Normal, remarquez, les allemands jouent en noir et blanc. "Ensemble pour un rêve noir et blanc", cela fait rétro, Marlène Dietriech, qui chante "Ich bin von Kopf bis Fuß auf Liebe eingestellt". (ou alors "Tous ensemble pour un ange bleu"). Ne pas oublier de dire "sur la route de la maison" en cas d'élimination.

Ghana
The hope of Africa
L’espoir de l’Afrique

Comprenez : heureusement qu'on est là, nous le Ghana, pour relever le niveau, parce que l'espoir de l'Afrique, à part nous, on ne voit pas.

Grèce
La Grèce est partout !

Je reste interloqué devant une formule si énigmatique. Je regarde autour de moi et, sidéré, je constate que, effectivement, la Grèce est partout : des murs beiges houmous, de l'air couleur ouzo, des colonnes verticales olympiennes, de l'horizon horizontal. Mais pourquoi pas ! Tant qu'à choisir une formule qui ne veut rien dire, autant s'en donner à cœur joie. On suggère aussi "Grèce in the Sky with Diamonds", "La Grèce est partout comme une orange".

Honduras
Un país, una pasión, ¡5 estrellas en el corazón!
Un pays, une passion, 5 étoiles dans le cœur

Ah, quand résonne le nom du Honduras, un des vétérans de la compétition, me reviennent en mémoire les vignettes Panini avec les joueurs Hondurassiens, que l'on découvrait avec une certaine déception : "ah merde, une vignette du Honduras". Ils étaient quatre joueurs par vignette, comme pour les petites équipes. Le Malawi par exemple. On les avait toujours en double, les vignettes finissaient collées contre un réverbère. Tous les quatre ans revient la même résolution : cette année, je m'intéresse au Honduras.

Japon
L’esprit des Samouraïs ne meurt jamais ! Victoire pour le Japon !

Comprenez : ça va kamikaser sévère. Les Japonais ne sont pas franchement favoris, bien qu'ils aient inventé le dessin animé "Olive et Tom" (où le ballon devient plat tant il va vite, où les joueurs courent vingt-cinq minutes en discutant sur les vertus du sacrifice personnel et de la volonté de se surpasser) ; ils ne sont pas favoris, mais ils vont compenser tout ça par une motivation hors norme. On imagine déjà en fin de match, à cours de carburant, les attaquants japonais aller s’abimer contre la défense adverse, quitte à finir le match à quatre joueurs. Remarquez, les inventeurs de la Playstation, en raccourcissant les nuits des jeunes compétiteurs, ont sacrément fait un pas en avant dans la guerre psychologique.

Suisse
Hopp Schwiiz! - Hop Suisse! - Forza Svizzera! - C'mon Switzerland!
Il y a donc quatre langues en Suisse. On observera : c'est classé par ordre alphabétique. Coluche nous ayant quitté, je veux bien qu'on cesse de se moquer de nos voisins (les helvètes underground), mais si les supporters suisses encouragent leur équipe en criant "Hop Suisse !! Hop Suisse !!", on ne répondra plus de rien.



Je livre en outre quelques propositions personnelles pour des équipes non qualifiés :


Irlande :
La main sur le cœur, le pied sur le ballon (et non le contraire)

Andorre :
Dans les montagnes, pour la gloire du rêve et le pastis pas cher !
(avec l'attaquant vedette Cristiano Supermercado)

Russie :
Votre temps terminé Monsieur Bond microfilm à nous pouvoir !

San Marin :
11 joueurs, 11 rêves, 11 buts encaissés.

Mongolie :
More Goals for mongols !

Suède :
Le mode d’emploi pour construire l'étagère Billy de la victoire est dans nos cœurs !

Inde:
La victoire sans tacler par une approche du jeu non violente.

Belgique :
(Partant du fait qu'en argot, une "pipe" est un mauvais joueur, et pour honorer Magritte, je propose ) :
Ceux-là ne sont pas des pipes.

Pat

mercredi 26 mai 2010

La Corée du nord peut-elle être championne du monde ?


C’est en tout cas une question que l’on peut légitimement se poser. La Corée du Nord, c’est de notoriété publique, a les meilleures armes en attaque ; elle a donc ses chances. Ce ne sera là que sa deuxième participation en 19 éditions de phase finale de Coupe du Monde, c'est peu. Certes, mais c'est mieux que rien - et rien, c'est justement le score réalisé par la majorité des nations.

La première participation de la Corée du Nord à une phase finale de coupe du monde remonte à celle de 1966 qui se joua at home, sur sol anglais. Elle la doit en fait à la campagne de qualification la plus miteuse de l'Histoire*. La faute à la Fédération Internationale de Football (FIFA) qui avait à l'époque une conception toute particulière de l'équité sportive. 14 places étaient à offrir pour l'épreuve aux équipes du monde entier, elles furent équitablement distribuées comme suit : 9 pour l’Europe (10 avec l’Angleterre, pays organisateur et qualifié d’office), 3 pour l’Amérique du Sud (4 en comptant le Brésil, alors champion du monde en titre et également qualifié d’office), une pour l’Amérique du Nord. La dernière place étant généreusement réservée au vainqueur d’un tournoi réunissant les pays d'Afrique, d’Asie et d’Océanie. Rien de moins.

Cette décision politique ne fut pas sans effet puisque - pour commencer - les pays africains refusèrent de participer à ce grand jeu de massacre. Ce fut ensuite la Corée du Sud qui déclina l’invitation, refusant d’affronter sur gazon son homologue rouge sang du nord. Ce fut enfin l’Afrique du Sud qui fut suspendue par la FIFA à cause de sa politique d’apartheid - tant d'hypocrisie laisse rêveur.

Tout ne se joua donc que sur deux matchs, entre 2 équipes seulement, la Corée du Nord et l’Australie, qui réprésentèrent à l'occasion pas moins de 3 continents. Les australiens furent désignés vainqueurs certains par les médias du monde entier avant même la rencontre, mais ils sortirent défaits sans la manière et firent honneur à leur réputation de l’équipe de football la plus piteuse du monde entier. Les nord-coréens, grâce à une discipline quasi-militaire étrillèrent aisément les Aussies, 6 à 1 au match aller, 3 à 1 au retour, soit l’équivalent d’un Dwitt tchagui (뒤차기)** particulièrement bien senti dans les roustons du monde en général et de la FIFA en particulier.

Sur le sol anglais, l’équipe nord-coréenne ne désarma pas et fit honneur à sa qualification bizarroïde. Elle se fit certes démantibuler par l’URSS de l’époque, 3 à 0 – sans doute un prêté pour un rendu – mais elle partagea ensuite le nul avec la sélection chilienne 1 à 1. Elle réussit surtout l’exploit (l'un des plus retentissants de l'Histoire de la Coupe du Monde) de battre l’Italie, 1 à 0, en serrant les boulons de sa défense, de son milieu et de son attaque. De retour au pays, les joueurs italiens manquèrent subir le même sort que leur ancien dictateur ventripotent, mais ils s'extirpèrent de la cohue populaire aussi honteux que vivants - qui se souvient encore de leur nom ? L’épopée nord-coréenne prit fin en quart de finale, contre le Portugal. Après avoir mené 3 buts à zéro, ils finirent par plier et rompre sous les assauts d’Eusebio, joueur d’exception, qui marqua quatre buts. José Augusto clôtura la marque et la Corée du Nord perdit le match 5 buts à 3. Avec davantage que les honneurs.

Plus de quarante ans plus tard, revoilà donc la selection rouge foncée. Elle affrontera le 15 juin la sélection brésilienne. Elle retrouvera ensuite le Portugal, vieille connaissance. Elle rencontrera enfin la Cote d’Ivoire. C'est ce qu'on appelle un copieux retour aux affaires. Nous activons séance tenante nos compteurs Geiger et nous empressons de nous planquer sous les tables.




* Hélas, tous les pays du monde ne peuvent participer à la Coupe du Monde sinon la compétition durerait plusieurs années (et ce blog ne tiendrait pas la route). Il est donc d’usage d’organiser des épreuves qualificatives en amont de la compétition. Pendant un temps, 16 équipes étaient à élire, puis 24, et aujourd’hui 32 concourent pour être retenues, cette formule assurant une meilleure représentativité des continents – voilà pour la langue de bois.

** Pour qui est amateur de taekwondo.



Harald

mardi 25 mai 2010

Et maintenant, un bref moment d'histoire # 1

Lassana "la guigne" Diarra

La fameuse liste (parler de l’irruption massive de la Télé-Réalité, avec caméra braquée sur les joueurs qui attendent son dévoilement, leur joie, leur déception) des 24 est passée à 23 toute seule : Lassana Diarra a été déclaré forfait pour la Coupe du Monde. A noter que si la Fédération Française de Football parle de « maladie imprévisible », le Real Madrid évoque une « anémie à hématies falciformes » (penser à se faire soigner en Espagne). Il s'agirait de drépanocytose, ce qui ne compromet pas heureusement la carrière du joueur.

Le milieu défensif du Real entre ainsi dans le club très fermé de la guigne de haut niveau : après Djibril Cissé sélectionné en 2006, qui a vu son tibia brisé tout net lors d'un match de préparation, à quelques jours du début de la compétition, Lassana rentre chez lui pour ce qui a semblé être un bête mal de ventre, une gastro. Je vous épargne le jeu de mot que j'ai lu partout *. Les symptômes se déclarant en altitude, si la préparation s'était faite au plat pays (qui est le mien), il lui aurait été probablement possible d'être titulaire en Afrique du Sud, c'est ballot. La prochaine Coupe du Monde n'est que dans quatre ans, après tout.

Conséquence de ce départ : Raymond Domenech a annoncé hier soir que la liste des 23 était définitive, qu'il n'y aurait pas de rappel poste pour poste (le nom de Mvilla était évoqué), le groupe actuel ayant un taux de "qui n'en veut" satisfaisant. Cela semble une décision intelligente, d'un point de vue "ressources humaines", le coup du stage "Cluedo" avec un éliminé à la fin, ça va un moment.

Autre effet collatéral : le schéma tactique ancestral semble remis en cause. Au lieu du 4-2-3-1 avec deux milieux récupérateurs, on passerait à un 4-3-3 plus offensif, devant le Costa Rica, en match de préparation cette semaine.

En défense : Evra / Abidal / Gallas / Sagna
Au milieu : Malouda / Toulalan / Gourcuff
Devant : Ribery / Henry / Gignac

On se prend à imaginer un truc fou avec ce coup de poker tactique : le nouveau schéma adopté permet de tout raser sur son passage, les bleus gagnent la coupe du monde, Mathieu Valbuena est embauché dans "Plus Belle la Vie", Ribery dans "Hulk", finalement, la victoire naissant d'un mal de bide.

* je vous épargne le jeu de mot, mais cela ne m'empêche pas d'imaginer le nouveau surnom du Real: après les "Galactiques", les "Cas Gastriques", ou sur le modèle de"Gervinho", "Gerbitho". On ne se refait pas.

Pat

lundi 24 mai 2010

Le ballon de la coupe du monde est-il hanté ?



C'est en tout cas une question que l'on peut légitimement se poser après lecture de l'interview que le gardien titulaire de l'Equipe de France, Hugo Lloris, a accordé aux journalistes de L'Equipe, jeudi dernier.

"Ce ballon est une catastrophe, a-t-il dit. On a joué avec en Coupe de France cet hiver. Il faut s'habituer mais bon... (...) Ce qui est étrange, c'est que quand il est en l'air, il peut très bien ne jamais descendre ou au contraire tomber d'un coup. Il faut être constamment en éveil, en analyse".

Voici les trois réflexions que ces quelques mots ont fait naitre chez ce brave Harald :

Réflexion 1 : ça fait flipper non ?

Réflexion 2 : est-ce à dire qu'il existe une chance, si le ballon CHOISIT de redescendre, que Djibril Cissé parvienne à marquer un but dans la compétition ?

Réflexion 3 : Où finissent les ballons qui ne descendent jamais ? En orbite autour de Saturne ?



Harald

dimanche 23 mai 2010

Los Sufridores


"Ceux qui souffrent" : c'est ainsi que se sont surnommés les supporters de l'Atletico Madrid, club du sud de la capitale espagnole. Dans l'ombre du richissime et clinquant Real, Disneyland aux dépenses stratosphériques, dans ce club qui n'avait jamais plus rien gagné depuis un demi-siècle jusqu'à cette année, les supporters y ont développé la culture de la défaite. L'autre surnom de l'équipe est "El Pupas" (les poissards). La campagne pour les abonnements, ai-je lu, est d'ailleurs centrée sur cette particularité : C'est un peu "venez souffrir au stade voir votre équipe ne pas remporter de titre", chose assez étrange vu d'ici, où l'on s'imaginerait plutôt trouver à tout prix des bouts de victoires pour motiver les gens à payer leur place.

Cette conscience aiguë de la défaite comme moteur n'est pas si surprenante. Rebondissant sur le précèdent billet de mon collègue, je me demande si l'attachement durable que l'on peut éprouver pour ce sport mal aimable ne tient pas entièrement dans une sorte de masochisme similaire, une frustration sublimée, désillusion érigée en mythe. Il n'y a qu'à voir en France les "ceux qui souffrent" à nous : ceux considérés comme publics de premier ordre, hormis Marseille, supportent souvent des équipes en perdition, ou au passé trop lourd à charrier : Paris, Saint-Etienne, Lens, sans parler des équipes naufragées comme Nantes. Les supporters s'y énervent seuls, s'entretuent, les joueurs sont des pigistes de passage.

Aux antipodes du supporter dans la mine, loin du rêve, dans la soute, le footix rieur s'enflamme pour la dernière performance, prend en marche le wagon des réjouissances obligatoires, saute sur ce qui fait monter le moral des Français, avant de tout oublier lorsque revient le temps normal du non-exploit, du gagne-petit, le temps de l'élimination quotidienne. Ils applaudissent complaisamment les Arles-Avignon qui montent, les Quevilly qui passent, et les petits poucets qui triomphent, mais l'amnésie les frappe soudain quand ces clubs sont dispersés au vent dans l'anonymat, que leurs joueurs deviennent assureurs ou vendeurs de piscines. Quant aux vainqueurs plus récents, je pense notamment à Lyon, ils semblent ne pas avoir éclusé suffisamment d'années de lose pour atteindre cette épaisseur. Où sera le public lorsque la roue aura tourné, lorsque la guigne sera installée pour un moment ?

Je me demande si j'aurais eu la même fascination pour ce sport si je n'avais pas été harponné, comme la plus part des gens de mon âge, comme le Harald/Dorham de la veille, par ce match fondateur que fut le France-RFA de 1982, une défaite, bien entendu. Actuellement, cet intérêt est difficilement justifiable pour "ceux qui ne souffrent pas", car le constat est sévère : le football est souvent perçu comme un spectacle animés par des enfants gâtés, surpayés, qui ne font rien d'eux mêmes, qu'on voit marcher, boudeurs, des écouteurs en permanence dans les oreilles, même pour une randonnée dans la montagne, à Tignes ! Lorsque je vois encore ces pauvres supporters passer le week-end dans des autobus pour suivre leur équipe s'incliner sans envie dans les quatre coins de France, je me demande quel sens du sacrifice quasi-christique doit les animer pour ne pas se décourager !

Nous reviendrons prochainement, ce mois, sur cette partie, France RFA 1982 avec ce que Harald appelle à juste raison ses "accents romantiques", match référence qui nous a fabriqué, bavards grandiloquents sur un jeu de ballon, dans l'espoir que revienne un jour une grandiose et comparable tragédie en chaussette.

Photographie : Massimo Furlan, lors d'une performance au Parc des Princes en 2006 nommée "Numéro 10", rejoue la demi-finale de Séville 1982. A l'intérieur d'un stade vide, seul sur le terrain, il endosse le rôle de Michel Platini et restitue intégralement les actions et les réactions du meneur jeu, pendant les 90 minutes qu'a duré le match, ses prolongations, et ses tirs au but.

Pat

samedi 22 mai 2010

Les bleus sont-ils des cons ?

C’est en tout cas une question que l’on peut légitimement se poser.

Ce qui est certain, c’est que les français ont souvent follement aimé leur équipe de France. Celle de Zidane, bien sûr, comme en d’autres temps ils avaient adoré celle de Platini qui, entre 1982 et 1986, fut l’équipe d’une époque bénie où le cheveu était frisé et les cannes semblables à celles des serins, où le jeu avait des accents romantiques, où le footballeur français entrait en défaite comme dans la gloire, conformément au sens de l’esthétisme que nous partagions tous ; et que nous partageons encore. L’équipe de Kopa ? Elle repose sans doute également au sein de ce panthéon merveilleux, mais mes souvenirs de cette époque sont approximatifs – je n’étais même pas né.

Aujourd’hui, on ne parle plus que de désamour. Nos footballeurs ont le cheveu ras et les idées souterraines. Ils ne sont plus que ces mecs à peine adultes qui « gagnent des millions », mieux au fait des derniers placements à la mode que de la technique du passement de jambes. Ils sont à Tignes, ces bleus que l’on n’aime pas, comme d’habitude avant une compétition majeure. En ce moment même, pendant que vous lisez ces lignes, ils se préparent pour la coupe du monde. Ils courent, jouent au tennis-ballon, font des siestes, se font masser les cuisses, envoient des SMS à des journalistes ou à leurs agents, se baladent en claquette siglée F. F. F., jouent à la console, prennent leur tour à la conférence de presse du jour pour répéter inlassablement le même discours policé – « on y croit, on en veut, on a nos chances, on va se réveiller le jour du premier match...cette randonnée en raquettes nous a soudés pour toujours, à la vie, à la mort ». Ils ne s’arrêteront pas – ou alors sous la contrainte – pour signer des autographes aux enfants, venus les attendre à l’entrée de l’hôtel. Les bleus sont des cons, diront les pères de famille en colère. C’est moche. C’est de saison. C’’est immuable.

L’amour, ça fluctue, comme le chante Serge Lama. Lors de la dernière coupe du monde, je me souviens qu’on avait fait tout un cinéma de Ribéry, sélectionné-sensation de dernière minute. Tout un cinéma de la petite cité HLM dont il était originaire, à Boulogne-sur-Mer. Tout un cinéma de son couple et des cicatrices sur son visage. Le gars était gentil, simple et simplet, amoureux d’une femme au physique quelconque fagotée comme l’as de pique, il réconciliait le peuple de France et son équipe de millionnaires imberbes. Une success story en Pays du Nord ! Avant même le navet pétainiste de Dany Boon (c'était juste pour écrire "pétainiste"). Pour quel résultat, 4 ans plus tard ? Ribéry est un oiseau de la night qui fricote avec des putes mineures. Ça fait moins JT de 13 heures déjà… Bof, on recyclera ça pour Le Droit de Savoir.

L’équipe de France n’est plus aimée. C’est en tout cas ce que l’on dit et, à en croire L’Equipe de mercredi qui publie les résultats d’un sondage international de l’IFOP (il fallait au moins cela), c’est ce que l’on pense un peu partout dans le monde. A qui doit-on ce désamour ? A un jeu déliquescent, à la communication chaotique de Raymond Domenech, à l’absence de joueurs d’exception dans la sélection, à la main de Thierry Henry qui a permis cette qualification étriquée. Les raisons sont multiples. L’Equipe de France n’a pas d’âme, pas de principes, pas de morale et, un comble au pays des amoureux du beau jeu et des coupes de cheveux mi-longs-frisés-dans-le-vent, elle bafouille un football qui ne ressemble à rien.

Une bonne nouvelle émerge toutefois de ce triste tableau. Une lumière perçante au delà du mur de brume, comme dans un tableau de Turner - et oui, les gardiens de but allemands ont de la culture aussi. Lorsque l’on réduit le sondage de l’IFOP au seul panel hexagonal, on s’aperçoit qu’au palmarès des équipes les moins appréciées des français, l’Italie supplante désormais l’Allemagne. Les temps changent. On se dit dès lors qu'à défaut d'amour, une bonne haine bien chauvine de première catégorie aurait le pouvoir de fédérer à nouveau tout ce beau monde. De rabibocher les anciens amants déçus. C'est ce bon vieux Harald qui vous le dit : tout est bon à prendre, si rien ne se perd, rien ne sera perdu.

Harald

vendredi 21 mai 2010

De l'importance de la logistique pour le téléspectateur moderne


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Coup d'envoi

Le Titre est un peu cliché, tant pis, on ne lit jamais le premier billet d'un blog de toute façon.

Pendant environ un mois, de juin à juillet 2010, vous allez souper de la coupe du monde de football. Vous allez en entendre de partout, vous aurez l'impression de ne plus savoir où vous cacher. Autant prendre les choses en main, et vous laisser accompagner doucement dans cette épreuve par ce binôme de commentateurs-anesthésistes improvisés que sont Harald et Pat.

Harald, le célèbre gardien allemand moustachu sera incarné par Dorham, ex-blogueur effectuant ici une pige météorisée.

Pattrick, défenseur célèbre pour ses problèmes dentaires, sera campé par Balmeyer, qui a aussi mal aux dents, souvent.

Ce blog de circonstance durera un peu plus d'un mois, et s'achèvera la 12 juillet 2010.

Harald et Pat.